La fraude à l’immigration : le nouvel élan d’internet

Des visas, des opportunités d’emplois, et même des passeports canadiens : c’est ce que des « brouteurs » prétendent offrir en quelques clics sur Facebook. Ce sont de véritables réseaux d’arnaque qui se déploient sur le réseau social, où des individus prétendent être des consultants en immigration qualifiés, pour appâter des gens, prêts à tout pour venir vivre au Canada.

La seule façon de prévenir une future fraude passe par des messages de ce type sur le page Facebook du groupe –   Capture d’écran du compte officiel de Québec en tête en octobre 2022.

Une des victimes de ces réseaux d’arnaques est l’association Québec en tête. L’organisme se présente comme « un portail d’information spécialement destiné aux personnes ayant un projet d’établissement dans la ville de Québec ou ses environs ». Cet organisme dit notamment avoir réussi à faire fermer depuis 2020 plusieurs fausses pages « très bien faites » usurpant son nom.

Étienne Hébert, directeur en Attraction et rétention de talents pour l’OBNL, se souvient notamment d’une page, créée il y a environ un an, qui reprenait presque tel quel le contenu de Québec en tête. « Il y avait une lettre dans l’adresse courriel de contact qui différait, mais sinon, tout était identique. »

Selon M. Hébert, le problème de la fraude et des faux papiers ralentit le traitement des dossiers chez Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), forçant le ministère à effectuer des vérifications rigoureuses pour s’assurer de l’authenticité des documents qui lui sont transmis dans certaines régions comme l’Afrique.

Extrait d’entrevue avec Étienne Hébert :

Des moyens toujours plus limités

Gabriel Théberge, le conseiller aux médias sociaux et aux communications numériques pour Québec en tête, déplore que les organismes qui veulent dénoncer la fraude en ligne doivent se contenter de moyens « limités et peu efficaces ».

 Les membres d’organisation, telle que celles de Gabriel, doivent effectuer un signalement auprès de Facebook, tout comme les individus qui veulent dénoncer un faux compte personnel. « Mais une organisation crédible comme la nôtre peut poser des actions pour se distinguer des fraudeurs et donner confiance aux candidats qui feraient affaire avec nous », ajoute-t-il.

Au mois d’octobre 2022, l’organisme publiait d’ailleurs un message rappelant qu’« aucun montant d’argent ne vous sera demandé pour poser votre candidature à nos initiatives de recrutement. »

Des incohérences internes  

La fraude persistante sur Facebook est révélatrice d’un système de modération « imparfait», dans lequel les contenus frauduleux « peuvent passer entre les mailles ».

Chaque jours, de nouvelles annonces de ce type arrivent sur la plateforme Facebook – Mars, 2024

Véronique Bolduc a étudié les cadres réglementaires et législatifs pour la modération de contenu sur les réseaux sociaux au Canada, dans le cadre de sa maîtrise en sciences de la communication à l’Université de Montréal.

Elle explique que la modération sur Facebook s’appuie beaucoup sur les « nettoyeurs du Web », des employés situés la plupart du temps dans des pays en voie de développement et chargés de vérifier chaque publication ayant fait l’objet d’un signalement.

Ces travailleurs suivent les standards de communauté de la plateforme pour prendre leurs décisions, mais ils ne sont pas forcément outillés pour reconnaître la fraude à l’immigration.