
Les artistes revendiquent des limitations plus sévères encadrant le droit d’auteur, à la suite du progrès fulgurant qu’ont connu les formes d’intelligence artificielle générative dans les derniers mois. L’univers numérique fourmille de nouveaux programmes d’IA, mais les lois encadrant leurs utilisations n’ont pas encore été mises à niveau.
Pierre Trudel, professeur à l’Université de Montréal en droit du cyberespace, explique dans le prochain reportage vidéo comment fonctionnent les modèles d’apprentissage utilisés afin d’entrainer ces formes d’intelligence artificielle générative.
Au Canada
Pour l’instant, la loi sur le droit d’auteur oblige les entreprises utilisant l’intelligence artificielle à demander une autorisation aux créateurs avant d’exploiter leurs œuvres. Cependant, il devient de plus en plus difficile de discerner quelles œuvres ont été utilisées dans le processus de création de contenu des systèmes d’intelligence artificielle, alors que ces dernières ont maintenant accès à un nombre significatif de données.
La Coalition canadienne pour la diversité des expressions culturelles s’oppose aux demandes des multinationales qui tentent d’ajouter des exceptions à la Loi sur le droit d’auteur. Regroupant les principales organisations de professionnelles francophones et anglophones du secteur culturel, ces acteurs demandent davantage de transparence quant aux registres de données utilisés par ces entreprises.
Concurrencer avec l’IA
En 2023, l’artiste allemand Boris Eldagsen remportait le prix du Sony World Photography Awards pour une image générée entièrement par une IA. Son objectif était de prouver que les créations artistiques résultant d’expression humaine ne pouvaient rivaliser avec des programmes d’intelligence artificielle, comme MidJourney.
Comme dans presque tous les domaines, l’univers artistique demande une maîtrise de techniques précises et de savoir-faire manuels équivalant à des années d’apprentissages. À la suite de l’évolution rapide des nouvelles formes d’IA, certains métiers ont de la difficulté à concurrencer avec ces technologies.
En Chine, les designers graphiques de jeux vidéo peuvent difficilement concurrencer contre les programmes d’intelligence artificielle. Il suffit parfois d’une heure à l’IA afin d’effectuer son travail.
En quelque mois, nous sommes passés d’une grossière vidéo de Will Smith qui mange du spaghetti à développer des programmes tels que Sora par OpenAI, une technologie pouvant créer des vidéos extrêmement réalistes générées à partir de simples instructions textuelles!
GAFAM de l’intelligence artificielle
Le parlement européen se dit inquiet des répercussions que pourrait engendrer une concentration des acteurs monopolisant le secteur de l’intelligence artificielle. Notamment que des entreprises comme Microsoft investissent des montants importants dans des programmes comme OpenAI, créateur de ChatGPT.
Les craintes que les mégaentreprises du numérique (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) qui contrôlent déjà l’internet aient une incidence sur les informations qui y circulent sont véritables. Pierre Trudel anticipe les risques qu’engendrerait ce phénomène sur les droits d’auteur (extrait audio du reportage « Le progrès de l’intelligence artificielle menace le droit d’auteur »):
Travail dans le cadre du cours «Journalisme en ligne» (JOU2400)