
Une brigadière scolaire assure la sécurité des élèves autour de l’école primaire Saint-Pierre-Claver. PHOTO : LAURY-ANN LUCCA
Les fondateurs du nouveau programme Culture et citoyenneté québécoise, qui remplace officiellement le cours Éthique et culture religieuse dans les écoles primaires et secondaires depuis janvier, encouragent fortement les enseignants à adopter une approche dite philosophique.
Inspirée du programme pionnier de l’Université Laval, Philosophie pour les enfants [PPE], la formule proposée incite le corps professoral à suivre une formation conçue à cet effet. Non obligatoire, c’est à la discrétion des enseignants de suivre ces recommandations ou non.
« On n’apprend pas à dialoguer en parlant de dialogue »
Samuel Nepton, doctorant en Philosophie à l’université Laval
Cette approche philosophique donne l’opportunité aux élèves d’exprimer et de développer leur esprit critique, dans un environnement encadré et opportun aux discussions collectives. Une piste de solution proposée face à une tendance à la hausse de la violence dans les écoles primaires et secondaires.
Contrer un sentiment d’impuissance
« La violence part souvent d’un vocabulaire émotif incomplet » soutient Claire Beaumont, psychologue spécialiste de la violence dans les écoles. Il s’agit généralement d’une révolte qui résulte d’un manque d’outils pour répondre aux attentes du système scolaire et des adultes.
Selon Samuel Nepton, la pratique de la philosophie équipe et donne aux étudiants des moyens légitimes pour appuyer leurs idées. C’est une manière d’éviter qu’ils ne recourent à la violence pour se faire entendre. Une alternative saine pour exprimer leurs besoins et sentir qu’ils ont un impact sur leur environnement.
Sans aucun doute, « les moyens avec lesquels nous nous exprimons ont une incidence sur notre manière de réfléchir, et donc, d’agir » persiste-t-il. Apprendre à raisonner rend en quelque sorte plus raisonnable. Comme elle concorde avec les thématiques du programme, la philosophie offre un contexte propice à cet exercice.
« La violence, c’est aussi une réaction à un environnement étouffant et la philosophie change radicalement cet environnement » souligne-t-il. L’école ne reflète pas toujours une société démocratique. La philosophie permet donc aux enseignants de répondre aux questions intuitives des étudiants, plutôt que d’imposer un gavage d’information quotidien.
De futurs citoyens éclairés
Selon L’UNESCO, la philosophie serait un moyen d’éducation à la paix. Elle donne aux jeunes le réflexe de chercher respectueusement et en collectivité des solutions aux défis rencontrés. Des interactions cruciales pour apprendre à questionner ses propres convictions en vue d’atteindre le bien commun.
« Face à l’ignorance, nous sommes tous égaux en philosophie. Il n’existe pas qu’une seule bonne réponse. C’est très égalisateur » appuie Samuel Nepton. Cette approche encourage ainsi la tolérance. Elle familiarise les jeunes à être confrontés à des opinions différentes des leurs sans sentir que leur identité est menacée.
« Ce que l’on observe dans les écoles, c’est le reflet de notre société »
Claire Beaumont, psychologue spécialiste de la violence dans les écoles
La philosophie offre aux enfants la chance « d’appréhender le monde, en ayant une meilleure reconnaissance de soi et de l’autre », et leur permet ainsi de penser à la création d’un monde plus harmonieux. des qualitées qui font office de moteur au dévelopement de compétences démocratiques selon l’UNESCO.
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